« Haies bocagères » met à l’honneur les arbres champêtres, emblématiques de nos paysages pourtant bouleversés à partir des années 50. Des haies arrachées pour agrandir les champs et laisser la place aux machines…
Les haies : nos horizons, notre Lueur Végétale.
A travers cette série d’œuvres réalisée à partir d’encres végétales, il est question d’existence, de co-existence des deux polarités : force et fragilité, de diversité, de biodiversité, de reliance, de résilience.
Pour conter ceux sur qui on peut compter. Ces arbres, unis, pour rendre mille services : nourriciers, protecteurs, faisant de l’ombre, freinant le vent, retenant l’eau dans les sols, captant le carbone, produisant du bois. Vivrières, les haies sont essentielles pour l’équilibre de nos sols, la qualité de l’air que l’on respire, la préservation de la biodiversité qui s’y niche. Pourtant, depuis le remembrement, l’agrandissement et l’optimisation des terres agricoles, les arbres bordant les champs ont été pour beaucoup rayés du tableau.
Comme les trognes qui renaissent après avoir été étêtées, les haies disparues réapparaissent par la magie naturelle. La réaction entre des éléments naturels les redessinent : minéraux constituant la croute terrestre et tanins présents au cœur des plantes fusionnent pour créer des nuances uniques. Des couleurs de plantes que l’on trouve dans les haies : de baies sauvages de nerprun, de bourdaine, de troène, des fruits de l’églantier, de l’aulne, du châtaignier, les feuilles du pommier sauvage ou encore les fameuses noix de galle du chêne.
Tous singuliers, comme nous tous, comme celles et ceux qui comme moi ont vu leur croissance contrariée par une scoliose, ces arbres continuent de grandir et de s’élever malgré les aléas. Semblant immobiles, ils restent libres dans leur façon d’évoluer.
Tronquées, sinueuses, les trognes sont vaillantes, héroïques. Quel que soit leur apparence. Quel que soit le chemin. Biscornues mais ancrées. Leurs silhouettes tourmentées questionnent notre rapport aux standards, à ce qui est beau. Une singularité illustrée par une diversité de couleurs selon les plantes choisies, le lieu et le moment de récolte, le support et son PH, le PH de l’eau de pluie reccueillie…
Ces arbres étrognés sont symbole de résilience. Ensembles, ils forment un rang de diversité, une barrière gardienne de la biodiversité.
La mini série des 3 tableaux suivants est composée par une approche non pas d’ajout et de coloration mais de soustraction et d’enlèvement de matière, de réserve des arbres champêtres par gravure du papier recyclé. Contraste du papier lisse, teinté par de grands aplats de couleurs végétales et du papier sculpté, gravé… pour faire apparaître ces arbres survivants entaillés, déchirés.